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Pince-dur et Persiffleur

Pince-dur et Persiffleur: Texte

Il était une fois, il n’y a pas si longtemps, un enfant qui vivait à la campagne. Il devait chaque jour faire le trajet à pieds jusqu’à une ferme des environs pour chercher le lait et le ramener chez lui.

Chaque jour, donc, il partait, qu’il fasse jour ou nuit, que le soleil brille, qu’il pleuve, qu’il neige et même sous l’orage, chaussé de sabots cloutés. Il devait prendre garde aux clous qui ne manquaient pas de se détacher de ses sabots : dans ce cas, il fallait les récupérer soigneusement pour les remettre plus tard avec un marteau. Pas de gâchis ! 

La route pour se rendre à la ferme des laitiers traversait de nombreux prés et longeait un petit bois. Il n’était donc pas rare que l’enfant rencontre au détour du chemin un serpent, un groupe de sanglier avec des marcassins ou un taureau qui le suivait le long de la clôture …

Ces animaux peu sympathiques effrayaient toujours l’enfant, mais ce n’était rien comparé aux deux jars de la ferme. Ils s’appelaient Pince-dur et Persiffleur, ce qui en dit long sur leur caractère. Ils étaient énormes et passaient le plus clair de leur temps à se pavaner dans la basse-cour, ou à pourchasser les poules en sifflant et claquant du bec. L’enfant tremblait à l’idée de se retrouver un jour face à eux. 

Ce jour, bien sûr, arriva. C’était l’hiver et l’enfant avait pris du retard sur le chemin, car il avait passé un bon moment à danser avec les copains de l’école sur une mare gelée. Il arriva à la ferme plus tard que d’habitude et se rendit compte que, contrairement aux autres jours, la porte de la basse-cour était ouverte.

Il eut à peine le temps de remarquer que les deux grandes oies n’étaient pas là où elles auraient dû être, qu’il entendit un claquement sec dans son dos. Il se figea et, lentement, se retourna. Persiffleur et Pince-dur étaient là, plantés devant lui, leurs grandes ailes ouvertes, leurs cous allongés, prêts à mordre. Dans la panique, au lieu d’ouvrir grand les bras pour effrayer les jars, l’enfant prit ses jambes à son cou. Grave erreur ! Pince-dur et Persiffleur se jetèrent à ses talons, claquant du bec tout près de ses mollets.


Ils allaient réussir à rattraper l’enfant, quand tout à coup, une ombre bondit devant eux. C’était Costaud, le gros chien blanc de la ferme ! Il fit face aux méchants jars, grondant, montrant les crocs, le pelage gonflé. En quelques mouvements, il rabattit le caquet des deux compères et les obligea à rentrer dans la basse-cour. L’enfant était sauvé ! Il fit la fête à Costaud, lui donna un peu du lait qu’il était venu chercher et se promit de ne plus traîner en chemin … ou alors de se préparer une réserve de gros cailloux !

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